
Candidater en finance sans grande école : mission impossible ?
Les métiers de la finance attirent chaque année des milliers d’étudiants. Banques d’affaires, private equity, gestion d’actifs ou conseil en transactions font rêver pour leurs salaires, leur exposition stratégique et leur prestige. Pourtant, une idée reçue persiste : sans passer par une grande école, les portes seraient closes. Alors, candidater en finance sans être diplômé d’HEC, l’ESSEC ou Polytechnique : mission impossible ou défi à relever ?
Une industrie élitiste… mais en mutation
Historiquement, la finance française est marquée par un fort biais élitiste. Les grands cabinets et banques d’affaires recrutent massivement dans les top écoles de commerce et d’ingénieurs : HEC, ESSEC, ESCP, Polytechnique, CentraleSupélec, ENSAE… Ces institutions offrent des stages de qualité, un puissant réseau alumni, et une image rassurante pour les recruteurs.
Mais cette logique commence à évoluer, pour plusieurs raisons :
- Les enjeux de diversité poussent les recruteurs à s’ouvrir à d’autres profils.
- Le besoin en talents dépasse parfois les viviers traditionnels.
- Les compétences techniques (modélisation, analyse financière, VBA, Python) sont devenues aussi importantes que le nom de l’école.
- Enfin, la montée des alternatives à la voie royale (bachelor, master universitaire, certifications, bootcamps) crée de nouvelles portes d’entrée.
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Que vaut un profil non « grande école » sur le marché ?
Tout dépend de l’ambition, du niveau de préparation… et de la stratégie. En M&A ou en private equity, la compétition reste rude. Les banques reçoivent des centaines de candidatures pour un stage. Sans une grande école, il faudra compenser par :
- Des expériences concrètes : stage en audit, en cabinet de conseil, en contrôle de gestion, dans une start-up ou une PME.
- Des compétences techniques : savoir construire un LBO, modéliser un DCF, maîtriser Excel et PowerPoint est souvent plus valorisé que le diplôme.
- Un réseau : LinkedIn, événements finance, forums étudiants… le “réseautage” est une arme pour contourner les candidatures classiques.
- Une histoire cohérente : un parcours atypique bien raconté peut susciter l’intérêt. Montrer sa motivation, sa compréhension des enjeux du secteur, et son envie d’apprendre est clé.
Des parcours inspirants existent
De nombreux professionnels de la finance viennent d’universités ou de cursus alternatifs. Certains ont commencé en DUT GEA ou BTS Comptabilité, sont passés par une licence en finance à l’université, puis ont intégré un master sélectif comme Paris-Dauphine, IAE, Paris 1 Panthéon-Sorbonne ou encore Skema ou Neoma en admissions parallèles.
D’autres ont suivi une formation à l’étranger, ou ont complété leur parcours par des certifications reconnues comme le CFA, le CIIA, ou des bootcamps spécialisés.
Le message est clair : le diplôme d’origine ne détermine pas tout, mais il faut travailler davantage pour prouver sa valeur.
Quels métiers sont plus ouverts ?
Tous les métiers ne sont pas verrouillés de la même manière. Voici quelques exemples de secteurs où les barrières à l’entrée sont moins rigides :
- Audit et transaction services : souvent plus ouverts à des profils issus de masters universitaires ou de cursus en alternance.
- Finance d’entreprise / contrôle de gestion : très accessibles depuis les IAE ou les masters publics.
- Fintech et analyste data : les compétences techniques peuvent primer sur le pedigree académique.
- Gestion d’actifs / middle office / risques : nombreux postes accessibles avec un bon master en finance, même sans top école.
En revanche, pour les postes les plus prisés comme le M&A en grande banque ou le private equity, la concurrence reste féroce. Il faudra ruser, viser des cabinets plus petits pour commencer, ou tenter sa chance via un VIE, une césure bien choisie, ou un stage de fin d’études stratégique.
Lire plus : VIE en finance : opportunité ou impasse ?
Quelques conseils pour réussir
- Valorise chaque expérience : même un stage en PME peut t’apprendre à analyser un bilan, suivre une levée de fonds, ou dialoguer avec des investisseurs.
- Forme-toi en parallèle : des plateformes comme Trainy, Wall Street Prep, le Vernimmen... etc peuvent booster ton profil.
- Prépare les entretiens à fond : les recruteurs veulent des gens qui comprennent les enjeux, pas seulement des “CV parfaits”.
- Réseautage, toujours : chaque message LinkedIn, chaque rencontre peut faire la différence.
- Cible intelligemment : viser directement Rothschild ou Lazard sans bagage solide est difficile. Commence par des structures plus accessibles (M&A boutique, cabinet d’audit, family office) et monte en gamme.
En conclusion : non, ce n’est pas mission impossible
Entrer en finance sans avoir fait une grande école est certes plus difficile, mais loin d’être impossible. Le secteur évolue, les recruteurs s’ouvrent, et les compétences prennent progressivement le pas sur le diplôme.
La clé ? Avoir une stratégie claire, bien se préparer, et surtout croire en sa légitimité. Dans un secteur qui valorise la performance, un profil déterminé, compétent et bien construit finira toujours par trouver sa place.