VIE en finance : opportunité ou impasse ?

VIE en finance : opportunité ou impasse ?

Le Volontariat International en Entreprise (VIE) est souvent vu comme un tremplin pour les jeunes diplômés. Porté par Business France, ce dispositif permet de travailler à l’étranger pendant 6 à 24 mois tout en étant rémunéré, encadré, et exonéré d’impôts. Si le VIE séduit dans de nombreux secteurs, qu’en est-il de la finance ? Est-ce une vraie porte d’entrée vers une carrière ambitieuse, ou une voie de garage loin des grandes places financières européennes ?

    

Le VIE, un cadre sécurisé et attractif

Le principal avantage du VIE tient à son cadre : contrat stable, salaire net intéressant (indexé à la destination), couverture sociale complète, et exonération fiscale. Pour beaucoup de jeunes diplômés, c’est un moyen rassurant d’avoir une première expérience à l’international, avec un statut valorisé auprès des recruteurs.

Dans la finance, le VIE concerne principalement les grandes banques, les sociétés de gestion, les institutions financières ou les grands groupes industriels ayant une activité de trésorerie ou de financement structurés à l’international. Des villes comme Londres, Luxembourg, New York, Singapour ou Hong Kong proposent régulièrement des offres.

     

Des postes variés… mais parfois loin du cœur financier

En finance, les missions proposées en VIE varient énormément. Certaines positions sont très techniques et proches de l’investissement. On peut citer par exemple analyste en structured finance, sales assistant, contrôleur des risques, ou encore analyste crédit dans des filiales de banques françaises à l’étranger. Ces expériences peuvent être de vrais accélérateurs de carrière, en particulier si elles s’inscrivent dans des places financières clés.

Mais attention, tous les VIE en finance ne se valent pas. Certains postes peuvent s’éloigner des fonctions cœur (M&A, ECM, PE…), en étant davantage orientés vers la conformité, le back-office ou le reporting. D’autres encore sont proposés dans des pays où l’activité financière est peu développée ou très locale, ce qui peut limiter les débouchés par la suite.

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Un bon moyen de se démarquer ?

Ce qui peut faire la force du VIE, c’est la dimension internationale qu’il apporte au CV. Dans un univers compétitif comme la finance, où les candidats ont souvent suivi des parcours similaires (grandes écoles, stages en M&A, alternance en audit…), une expérience à l’étranger structurée et longue peut faire la différence.

Le VIE est souvent vu d’un bon œil par les recruteurs, à condition que la mission ait été exigeante et bien choisie. Cela témoigne d’une capacité à s’adapter, à sortir de sa zone de confort, à travailler en anglais dans un environnement multiculturel..etc. Autant de soft skills très recherchés.

      

Un tremplin vers l’embauche… ou pas ?

Beaucoup de candidats espèrent qu’un VIE se transformera en CDI. En théorie, cela arrive, certaines banques utilisent même le VIE comme vivier pour intégrer leurs équipes en CDI. Mais cela dépend fortement du pays, du poste et du contexte économique.

À Londres ou Luxembourg, les taux de transformation sont plus élevés. En Asie ou en Amérique latine, il est souvent plus difficile d’obtenir un visa de travail ensuite, ce qui complique les embauches locales. Par ailleurs, certains employeurs recrutent des VIE pour des postes transitoires sans réelle perspective à long terme.

     

VIE ou stage de fin d’études : que choisir ?

C’est une question fréquente. Pour ceux qui souhaitent faire carrière en banque d’affaires ou en private equity, il est souvent préférable de viser un stage de fin d’études dans une grande place financière (Paris, Londres, Francfort). C’est mieux qu’un VIE qui peut parfois être vu comme trop généraliste.

En revanche, pour les profils qui s’orientent vers des fonctions corporate finance, audit interne, risque, financement structuré ou sales, le VIE peut être une première expérience solide. C’est un choix valorisable, notamment s’il est effectué dans un groupe réputé.

Quelques conseils pour bien choisir son VIE en finance

  • Vérifiez la mission réelle : le titre peut être flatteur, mais la fiche de poste doit mentionner des tâches concrètes, des outils, des interlocuteurs.
  • Renseignez-vous sur les perspectives : le poste a-t-il déjà mené à des CDI ? Quelles sont les chances de rester dans le pays ensuite ?
  • Choisissez bien la destination : certaines places financières offrent plus d’opportunités post-VIE que d’autres.
  • Valorisez-le en entretien : il faut être capable d’expliquer ce que vous avez appris, les difficultés surmontées et ce que cela vous a apporté.

Ainsi, le VIE en finance n’est ni une voie royale, ni une impasse. C’est un outil, dont l’efficacité dépend du contexte dans lequel il est utilisé. Bien choisi, bien préparé, il peut être un levier formidable pour booster une carrière, découvrir un environnement international, ou intégrer une grande banque. Mal ciblé, il peut ralentir l’entrée dans les métiers les plus compétitifs de la finance.

Pour les candidats ouverts, curieux, et désireux de s’expatrier avec un cadre structuré, c’est une opportunité à considérer sérieusement. Mais il faut garder en tête ses limites et rester lucide sur les débouchés.