Michael Burry : un esprit libre, une carrière unique et la fermeture de son hedge fund en 2025

Michael Burry : un esprit libre, une carrière unique et la fermeture de son hedge fund en 2025

Michael James Burry naît en 1971 à San Jose, en Californie. Enfant réservé, passionné de lecture, il développe très tôt une curiosité intellectuelle profonde. Une particularité marquante de son enfance est la perte d’un œil à l’âge de deux ans, remplacé par une prothèse. Cet événement, loin de le freiner, renforce son caractère introspectif et méthodique, deux traits déterminants dans sa future carrière.

Après le lycée, Burry entame des études d’économie à UCLA. Mais il se destine avant tout à la médecine : il obtient son diplôme à l’Université Vanderbilt, puis devient résident en neurologie à Stanford. Pourtant, même durant ses études médicales, la finance occupe une place croissante dans sa vie. Le soir, il analyse les marchés, dissèque les bilans comptables et publie ses réflexions sur les premiers forums spécialisés. Sa signature intellectuelle apparaît déjà : un raisonnement très structuré, un rapport exigeant aux chiffres et un refus total de suivre les modes.

Son style d’écriture et son sens aigu de la valeur attirent rapidement l’attention de gestionnaires professionnels. Certains fonds commencent à suivre ses recommandations, conscients que ce jeune médecin possède une compréhension rare de la logique des marchés.

  

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La naissance de Scion Capital : le début d’une ascension fulgurante

   

En 2000, Michael Burry prend une décision radicale : il quitte la médecine pour fonder son propre fonds, Scion Capital, du nom du roman Scion of Shannara. Il utilise ses économies personnelles et celles de sa famille. Dès les premières années, il surperforme systématiquement le marché, notamment pendant l’éclatement de la bulle Internet, où il évite les valeurs technologiques surévaluées.

Son succès repose sur une analyse fondamentale rigoureuse. Il lit l’intégralité des documents financiers des entreprises qu’il étudie, décortique les modèles économiques et n’hésite jamais à prendre des positions impopulaires. Il privilégie les entreprises sous-évaluées, les situations spéciales et les valeurs délaissées par les investisseurs institutionnels.

Très bientôt, sa réputation s’étend au-delà de la communauté value. Plusieurs grandes fortunes lui confient leurs capitaux. Burry s’installe progressivement parmi les investisseurs à suivre.

   

L’intuition de génie : anticiper la crise des subprimes

   

Entre 2003 et 2005, Burry se penche sur un marché encore peu analysé en détail : les prêts hypothécaires subprime. Il étudie chaque tranche, chaque structure, chaque garantie. Là où beaucoup voient un marché robuste et lucratif, Burry identifie des défauts structurels majeurs : qualité déclinante des emprunteurs, standards de crédit assouplis, dépendance excessive à la hausse continue de l’immobilier.

Convaincu que le système va s’effondrer, il a l’idée de protéger son portefeuille en achetant des credit default swaps sur les obligations adossées à ces prêts. Une stratégie nouvelle, audacieuse, et surtout profondément contrarienne.

La majorité de ses investisseurs n’y croit pas. Certains contestent ses choix, d’autres menacent de retirer leur argent. Mais Burry tient bon. Son analyse, fondée sur des données concrètes et non sur un consensus aveugle, reste inchangée.

Lors de l’effondrement du marché immobilier en 2007 puis en 2008, sa stratégie devient l’un des coups les plus brillants de l’histoire financière moderne. Ses fonds réalisent des performances exceptionnelles, et son nom devient mondialement connu après la publication de The Big Short — puis l’adaptation cinématographique où il est incarné par Christian Bale.

    

Une pause choisie : la fermeture de Scion Capital en 2008

    

Le succès colossal du “big short” n’empêche pas Burry de sentir un épuisement croissant. La contestation incessante de ses investisseurs durant la montée de sa stratégie l’a profondément marqué. Fidèle à son indépendance, il ferme Scion Capital en 2008 pour gérer exclusivement sa fortune personnelle. Il profite de cette période pour se consacrer à ses passions, notamment la musique, la famille et la recherche personnelle.

   

Le retour sur les marchés : Scion Asset Management

    

En 2013, il revient avec un nouveau fonds : Scion Asset Management. Son objectif est resté le même : investir dans les entreprises sous-évaluées, se concentrer sur la valeur intrinsèque et rester indifférent aux dynamiques spéculatives.

Au fil des années, Michael Burry se distingue à nouveau par des prises de position non conventionnelles. Il investit tôt dans certaines valeurs technologiques, critique l’explosion des ETFs, alerte sur les risques de bulles spéculatives et maintient une stratégie souvent en décalage complet avec les grandes maisons d’investissement.

Il devient également une figure influente sur les réseaux sociaux, où ses messages concis — souvent supprimés quelques heures après publication — alimentent le débat financier.

   

2025 : Pourquoi Burry ferme son hedge fund

    

En 2025, coup de théâtre : Michael Burry annonce qu’il ferme Scion Asset Management. Dans une lettre à ses investisseurs, il explique que les marchés actuels reflètent selon lui une dynamique “irrationnelle”, dominée par :

– la spéculation agressive autour de l’intelligence artificielle
– une concentration extrême des capitalisations dans quelques géants technologiques
– un afflux massif de capitaux dans les stratégies passives
– une volatilité structurelle incompatible avec sa méthode

Selon Burry, le marché ne valorise plus les fondamentaux, ce qui rend difficile l’application de sa stratégie value. Plutôt que de se plier à une logique court-termiste, il choisit de partir. Ce geste, fidèle à son parcours, révèle une fois de plus un homme attaché à sa liberté intellectuelle plutôt qu’à la gestion d’actifs à tout prix.

   

Conclusion

La trajectoire de Michael Burry offre un message fort pour les étudiants et jeunes professionnels de la finance. Son histoire montre qu’un succès exceptionnel peut naître d’une analyse indépendante, d’une compréhension profonde des mécanismes économiques et d’une capacité à maintenir ses convictions face aux pressions extérieures.

    

En fermant son fonds, Burry ne renonce pas à la finance. Il se repositionne. Il souhaite investir selon ses propres règles, sans contraintes ni attentes externes. Et comme l’ont montré les deux dernières décennies, il n’a jamais eu besoin de suivre la foule pour avoir raison.