Tout savoir sur le rachat du Crédit Suisse par UBS

Tout savoir sur le rachat du Crédit Suisse par UBS

Un vent de panique souffle sur les marchés boursiers. Le Crédit suisse n'arrive pas à rassurer les investisseurs et l’action s'effondre en bourse lors de la séance du 15 mars 2023.

 

 

1) Pourquoi l’action Crédit Suisse a connu une telle variation sur les marchés ?

 

À la clôture de bourse le 15 mars, l'action du Crédit suisse perdait -24,24 % et jusqu’à -30% dans la journée pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse (soit 1.67 $).

 

La chute vertigineuse du titre a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse depuis l’augmentation de capital en novembre dernier. Dans le cadre de ce placement, 307,6 millions d'actions avaient été acquises par la Saudi National Bank (SNB) en novembre, première banque saoudienne, devenant ainsi le principal actionnaire de Credit Suisse.

 

Le 15 mars, Ammar al-Khudairy, président de la Saudi National Bank a annoncé qu’il ne compter « absolument pas » injecter davantage d'argent dans une entrevue à Bloomberg TV. En effet, depuis deux ans, la banque helvétique est dans la tourmente en raison de la faillite de la société financière britannique Greensill Capital le 8 mars 2022, qui était spécialisée dans les prêts à court terme aux entreprises.

 

Cette faillite a marqué le début d'une série de scandales qui ont fragilisé la banque Crédit Suisse. Depuis cette faillite, le titre Credit Suisse a perdu plus de 83% de sa valeur.

 

L’activité de l’entreprise Greenshill consistait à prêter de l’argent aux entreprises pour qu’elles payent leurs fournisseurs moyennant une petite décote. Un schéma dont la société a réussi à tirer profit grâce à un système de titrisation. Greenshill replaçait une partie de ces créances sous forme de titres financiers (système de titrisation de la dette) à de gros investisseurs, qui les plaçait dans des fonds vendus à d’autres investisseurs extérieurs, à l'affût de rendement dans un monde à faible taux d'intérêt. Pour réduire le risque de défaut en cas d'impayés, des assurances avaient été souscrites à hauteur de 75 % du portefeuille. Ainsi, Greensill permettait à des fournisseurs de recevoir des paiements de leurs clients avant l’échéance et via un tiers. C’est dans ces dettes titrisées qu’investissaient les fonds de Credit Suisse.

 

Dans cette affaire, Credit Suisse a « gravement manqué à ses obligations prudentielles en matière de gestion des risques » liés à Greensill au plus haut niveau.

 

2) Quelles similarités avec la crise financière de 2008 ?

 

Surnommée la crise des « subprimes », un prêt immobilier bancaire dit à risque, la crise financière mondiale de 2007-2008 est une crise financière marquée par une crise de liquidité et parfois par des crises de solvabilité tant au niveau des banques que des États. Une situation dans laquelle une banque, même solvable, ne dispose pas de l'argent nécessaire pour régler ses échéances.

 

Si la situation de Credit Suisse venait à se ternir, les enjeux serait colossaux pour tout le système financier. Considérée comme l’une des 30 banques trop grandes pour faire faillite (« too big to fail »), la banque helvétique a noué des liens étroits avec l’entièreté des autres banques du fait de sa taille. De ce fait, si elle venait à faire faillite alors cela se propagerait à l’ensemble du système financier par effet de domino à l’image de la banque Lehman.

 

Aujourd’hui, l’affaire fait parler dans le monde de la finance car le Crédit Suisse semble connaître des difficultés en termes de liquidité. Selon un gérant, « Credit Suisse ne semble pas être en bonne santé depuis quelques mois » … En effet, des professionnels de la finance notamment des gérants disent avoir été contacté par la banque helvétique au sujet de rendements particulièrement intéressants.

 

3) Comment éviter que cela ne se propage à l’ensemble du système ?

 

Après sa forte chute la veille, l’action de la banque Crédit Suisse, qui avait chuté de 25 %, est remonté de 30 % le jeudi 16 mars, à l’ouverture de la Bourse, grâce à la bouée de sauvetage lancée par la Banque nationale suisse (BNS).

 

Ce week-end, les efforts se multiplient pour sauver le Crédit Suisse avant l’ouverture de la bourse lundi matin, afin d’éviter une panique générale sur les marchés.

 

La présidente de la BCE, Christine Lagarde l’a reconnu : « Il n'est pas possible de déterminer à ce stade quel sera le chemin à suivre sur les taux ». Une nouvelle crise financière n’est pas à exclure

 

Lire plus : La hausse des taux d’intérêts et les banques commerciales en France

 

4) UBS va racheter de Crédit Suisse

 

Vendredi, le Financial Times a annoncé la volonté de UBS (première banque suisse) de racheter son concurrent en grandes difficultés. Une proposition de rachat total ou partiel qui pour les régulateurs suisses semblait faire figure de plan A pour stopper la crise de confiance dont souffre Credit Suisse, deuxième banque du pays.

 

Dans la journée de dimanche 19 mars, après un long week-end de pourparlers entre les conseils d’administration des deux banques, - UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour plus de deux milliards de dollars (1,87 milliard d'euros) rapporte le Financial Times.

 

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