Pourquoi l’Etat va nationaliser EDF ?

Pourquoi l’Etat va nationaliser EDF ?

Le mercredi 6 juillet la première ministre Elisabeth Borne a annoncé que l’entreprise EDF (Electricité de France) sera nationalisée. Par conséquent que l’Etat deviendra le seul actionnaire de l’entreprise. Cette opération, bien qu’elle ne fasse pas l’unanimité, est un excellent exemple d’OPA (Offre Publique d’Achat).

  

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Retour sur l’histoire d’EDF

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les marchés français de l’électricité et du gaz, sont considérés comme des marchés à fort potentiel. En augmentation constante depuis le début du siècle, les prévisions financières pour ces deux industries sont plus que positives. Bien que largement dominée par deux entreprises, L’Union d’électricité et l’Energie industrielle, le marché est également constitué par plusieurs petites entreprises qui se sont spécialisés sur la production et la vente de gaz et d’électricité.

Marquée par la guerre, en 1945 la France est à reconstruire. Le gaz et l’électricité, sont considérés comme des éléments moteurs et indispensables à la reconstruction de la France. Le CNR (conseil national de la résistance) qui est à la tête de l’Etat, décide alors de nationaliser l’ensemble des moyens de production électrique et gazière, afin de les mettre au service de l’Etat. Porté par les gaullistes, et les communistes, qui considèrent que ce projet est conforme à la théorie de l’économie planifiée, EDF est fondée le 8 avril 1946 par le communiste Marcel Paul.

Rapidement bénéficiaire, l’entreprise est attractive, et jouie d’une bonne réputation. Elle ne connaît aucun changement majeur jusqu’aux années 1990. L’entreprise connaît ensuite de nombreux changements, induit principalement par sa mise en bourse, par la mise en place de nouvelles réglementations européennes sur l’électricité, et par l’achat de multiples entreprises à l’étranger.

  

Quelles sont les performances financières actuelles d’EDF ?

En 2021 le chiffre d’affaires d’EDF est de 84,5 milliards d’euros, et le résultat net courant de 4,7 milliards d’euros. L’endettement du groupe reste néanmoins important. En 2021 il est de 43 milliards d’euros, et est supérieur à celui de 2020 qui était de 42,3 milliards d’euros.

Les prévisions 2022 ne sont pas particulièrement optimistes. Une augmentation de la dette, une baisse de 10% de la production du parc nucléaire, et une baisse de 5 milliards d’euros de l’EBE dû à l’usure des réacteurs est attendue. Il est également à noter qu’un plan de cession d’actifs est toujours en cours, il est estimé à environ 3 milliards d’euros. Le bouclier tarifaire oblige EDF à augmenter ses coûts d’approvisionnement sans pouvoir augmenter ses recettes, impliquant une perte d’argent significative.

Le cours de l’action quant à lui, n’a plus connu d’augmentation significative depuis 2016. Il a même perdu plus de 60 % de sa valeur depuis 2008. EDF connaît donc une période de difficulté financière, c’est l’une des raisons pour lesquelles l’Etat veut nationaliser EDF.

  

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Pourquoi l’Etat souhaite-t-il nationaliser EDF ?

Si la mauvaise santé financière de l’entreprise en est une, c’est loin d’être la seule. La guerre en Ukraine a rappelé que la souveraineté énergétique est un enjeu majeur. La production énergétique est un levier géopolitique de poids. C’est d’autant plus vrai qu’EDF est une entreprise qui dispose d’un poids important en Europe, en particulier en France, en Italie, et au Royaume-Uni où elle détient des filiales très importantes. La nationalisation permet donc à l’Etat de renforcer l’indépendance énergétique de la France.

La nationalisation d’EDF est également un moyen pour l’Etat d’avoir un plus grand impact sur le parc nucléaire français. Cela lui permettra de fluidifier et de simplifier la gestion du parc. Mais aussi de pouvoir investir massivement afin de mettre en place les améliorations nécessaires à la remise à niveau des centrales nucléaires.

  

Comment se déroule le processus de nationalisation d’EDF ?

Anciennement propriétaire de 84 % du capital de l’entreprise, l’Etat souhaite acquérir les 16 % restants afin de devenir le seul actionnaire de l’entreprise, et donc le seul à pouvoir prendre les décisions stratégiques de l’entreprise.

Afin de mettre de place l’acquisition de ces 16 %, le gouvernement a annoncé proposer dès le mois de septembre une offre de 12 euros par actions. Soit une plus-value de 4,16 euros par action, en se basant sur le cours de l’action du 6 juillet qui était de 4,16 euros avant l’annonce d’Elisabeth Borne. Le coût de l’opération est estimé à environ 9,7 milliards d’euros pour l’Etat.

Le fait de proposer un prix au-dessus de la valeur du cours de l’action est une méthode couramment employée durant les OPA. L’objectif étant de pousser les actionnaires à vendre leurs actions. Ce qui n’est pas toujours facile, surtout lorsque les actionnaires considèrent que les montants proposés ne sont pas suffisamment signifiants pour être vendus.

Avant que cette OPA soit possible, elle doit être validée par plusieurs instances, notamment par l’autorité des marchés financiers, ainsi que par l’autorité de la concurrence.

 

Pour résumer

Fleuron de l’économie française, EDF traverse actuellement une période difficile. Avec des résultats financiers peu encourageants, et des prévisions pessimistes, l’entreprise a connu des jours meilleurs. Afin de sortir de ce mauvais pas, mais aussi pour affirmer la position géopolitique de la France, et renouveler son parc nucléaire, l’Etat souhaite nationaliser EDF. Cette opération à 9,7 milliards d’euros qui n’en est qu’à ses débuts, annonce des changements profonds pour l’entreprise.

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